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A Rouen, quelle place pour les piétons dans le futur centre-ville ?

Publié le 15/11/2017

Rouen (Seine-Maritime), « Cœur de Métropole », le projet d'aménagement du centre-ville prévoit de donner plus de place aux piétons. On fait le point sur ce qu'il en sera.

Renforcer l’attractivité de Rouen (Seine-Maritime). Tel est le maître mot du projet « Cœur de Métropole », vaste chantier de rénovation et d’aménagement du centre-ville historique de la capitale normande. Pour cela, la Métropole Rouen Normandie entend donner plus d’espace aux piétons, qu’ils soient locaux ou touristes de passage. 

Rouen, ville « piéton-friendly » grâce à « Coeur de Métropole » ? Normandie-actu fait le point sur cette question cruciale qui va redessiner les contours de l’hypercentre.

« Peu de place pour les piétons à Rouen »

La problématique est éminemment complexe. En effet, les usages de la ville changent, notamment en matière de déplacements. Alors que la plupart des grandes villes ont fait le choix politique de laisser moins de place à la voiture, il est apparu, dans une enquête menée par la sociologue Sonia Lavadinho pour la Métropole, que Rouen n’a pas suivi le mouvement. Audrey Gourlaouen, directrice du projet « Cœur de Métropole » résume :

Cette étude a montré qu’il y avait peu de place pour les piétons à Rouen. Pour le coup, on accuse un certain retard par rapport aux autres grandes villes françaises.

La Métropole entend donc y remédier grâce à son grand projet de réaménagement du centre-ville en « redistribuant l’espace public ». Il faut donner à Rouen « des espaces de qualité pour pouvoir créer de la vie dans ces quartiers et ainsi attirer les visiteurs et la population », poursuit la directrice du projet. 

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Un équilibre à trouver

Mais attention, Audrey Gourlaouen insiste, « il ne s’agit pas de faire la chasse aux voitures. Il faut surtout faciliter l’usage de la ville pour tout le monde ».

Il convient donc de faire la synthèse entre « les envies et besoins de chacun, les enjeux des nouveaux usages de la ville et les transformations que l’on veut faire ». Audrey Gourlaouen le reconnaît :

C’est un équilibre à trouver, et ce n’est pas forcément facile. Mais la philosophie de « Cœur de Métropole » est vraiment de prendre un virage déterminant pour que Rouen puisse devenir une métropole attractive à l’échelle européenne.

Rues piétonnes, zones de rencontre…

Dans un souci d’équilibre (et peut-être de ne pas froisser une partie non négligeable de la population), la Métropole a davantage privilégié la création de zones de rencontre plutôt que de rues entièrement piétonnes. Vous trouverez sur notre carte ci-dessous le détail des rues qui deviendront piétonnes, zones de rencontre, ou qui resteront en zone 30 à l’issue du projet « Cœur de Métropole ».

« Le but de ces zones de rencontre est de repenser l’espace public, pour que les piétons y trouvent toute leur place. Ces voies doivent être des rues où les voitures traversent un espace réservé aux piétons et non l’inverse », détaille Audrey Gourlaouen. 

Concrètement, la création des zones de rencontre et des rues piétonnes va se traduire par des aménagements significatifs tels que l’effacement des trottoirs ou bien des revêtements « plus qualitatifs pour les piétons pour améliorer le confort de marche ». Et par une suppression de places de stationnement, dont le nombre exact ne nous a pas été, à ce jour, communiqué par la Métropole.

Une zone de rencontre est une voie où se côtoient piétons, cyclistes, automobilistes, etc., mais où les piétons demeurent prioritaires. La circulation automobile y est limitée à 20km/h. Une rue piétonne est une voie réservée en priorité à la circulation des piétons.  Une zone 30 est un périmètre où la vitesse est limitée à 30km/h pour favoriser la cohabitation de tous les usagers de la voie. L’ensemble de l’hypercentre de Rouen, à l’intérieur des boulevards, se situe en zone 30.

Que les piétons se réapproprient l’espace 

Globalement, il ne faudra pas s’attendre à des transformations de grande envergure dans l’hypercentre, même si l’objectif reste de « transformer la ville et la façon dont les piétons se l’approprient ». Audrey Gourlaouen estime que « ça passe parfois par de petits aménagements simples, mais qui peuvent changer grandement la façon dont l’espace est utilisé ». La directrice de projet prend ainsi en exemple « la contre-allée rue Jean-Lecanuet qui permet d’accéder au tunnel Saint-Herbland, qui sera complètement effacée pour en faire un espace pour les cyclistes ». 

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Elle met également en avant la place du Maréchal-Foch, où se trouve la station de tramway « Palais de justice ». Cette place et la partie de la rue Jeanne-d’Arc qui la traverse (entre les rues Rollon et Guillaume-le-Conquérant) deviendront une zone de rencontre. Pour bien la matérialiser, les trottoirs seront supprimés et un grand passage piéton « sous forme de damier de pixels » sera dessiné. De plus, les deux verrières qui occupent une place importante du trottoir seront bouchées afin de laisser davantage de place aux promeneurs.

Plus de végétation

Les bancs et tables doivent également être plus nombreux en ville. « Rouen manque d’espace où s’asseoir, où se poser au cours d’une balade », remarque Audrey Gourlaouen. Ainsi, plusieurs lieux de repos vont être installés notamment sur le parvis de la cathédrale ou dans l’allée Eugène-Delacroix. 

Autre volet important pour que les piétons vivent mieux leur ville, la végétalisation de l’espace public. Le projet « Cœur de Métropole » prévoit ainsi la plantation de plus d’une centaine d’arbres. Certains feront par exemple leur apparition sur les places Martin-Luther-King et Gaillardbois (où un square doit être créé) ou bien encore dans la rue Rollon. Plus qu’un détail esthétique, la végétalisation contribue grandement au bien-être en ville, souligne Audrey Gourlaouen :Beaucoup d’études le montrent, on se sent bien mieux, notamment au niveau de la santé, lorsqu’il y a beaucoup de végétation en ville.

Dans une ville où les pics de pollution sont très fréquents, c’est en effet un atout non négligeable.

« Un projet ambitieux pour Rouen »

« Cœur de Métropole » vise donc à donner un nouveau visage mais surtout de nouveaux usages à l’hypercentre. L’enveloppe de 30 millions d’euros doit donc permettre de rattraper le retard et le déficit d’attractivité accumulés par Rouen. Pour Audrey Gourlaouen, « c’est un projet ambitieux pour une ville comme Rouen ». Elle concède tout de même : On fonctionne de façon ciblée, par secteurs. En urbanisme, il vaut même mieux y aller par phases, afin de laisser un temps d’appropriation.

Reste à voir comment les piétons (et les automobilistes) vont s’adapter au futur centre-ville de Rouen. Ils ont toutefois du temps devant eux. Les derniers coups de pioche du projet « Cœur de Métropole » doivent survenir d’ici 2019, année où Rouen doit accueillir la prochaine Armada.

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